Jeu de notes

    J’ai lu un livre passionnant, trouvé au hasard d’une flânerie à la bibliothèque. Une courte autobiographie, une fois n’est pas coutume, annotée de manière si agréable et érudite, que les notes de bas de page formaient à elles seules une histoire autour des souvenirs de l’artiste. Une fresque inattendue que j’ai relue d’un souffle avant de déposer le livre à une borne de retour.

 Pourtant, cette suite d’annotations m’avait d’abord gênée. Comme si l’italique était insuffisant, la traductrice avait tenu à signaler, par une note de bas de page, chaque mot déjà rédigé en français dans le texte d’origine. Ainsi surgissaient fréquemment, dans la version française, des en français dans le texte ! J’aurais volontiers évité ces rappels qui me faisaient émerger du récit. Mais l’intérêt des autres commentaires l’emporta vite sur l’agacement. Et ces en français dans le texte devinrent un jeu.

   A chaque fois qu’ils surgissaient, je me demandais si, juxtaposés, ces seuls mots ne révéleraient pas l’identité de l’auteur. Essayons.

  – Reconnaissez-vous l’artiste qui se cache derrière cette suite d’expressions en français dans le texte ? Un indice : Paris, 1961. Mise en scène, en route, fougue… Corps de ballet, ports de bras, pliés, battements… Elite, titre de voyage, grands jetés… Avez-vous trouvé ? La réponse est en bas de page. 😉

  J’ eus l’envie de vérifier cette hypothèse et feuilletai les premiers chapitres d’un de mes livres préférés, parcouru d’une ribambelle de mots français, en italique. Simplement. Un indice ? L’auteur est américain. De qui s’agit-il ? – poivrottes, locataire, café au lait … quetsche, mirabelle, framboise, eau de vie eau-de-vie, “une génération perdue”. Gagné ? La réponse se trouve également en bas de page. 😉

   Je crois que, désormais, je ne lirai plus l’annotation en français dans le texte sans un petit sourire.

Réponses :

http://www.arthaud.fr/Catalogue/la-traversee-des-mondes/noureev

http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Paris-est-une-fete