F.L.E.

   Cette rubrique commence à l’envers, plus précisément, à rebours du calendrier scolaire, et dans la bonne humeur.

  En effet, j’aurais pu attendre la rentrée de septembre pour ouvrir Côté cours, y raconter quelques unes de mes péripéties interculturelles. Lever le voile sur les aventures linguistiques d’étudiants, venus des quatre coins du monde, étudier le français à Paris. Mais, c’est à l’aube des vacances universitaires que j’ai – enfin – trouvé le temps de ce blog. Les paquets de copies ont fondu comme neige au soleil. Les programmes d’échanges se sont terminés les uns après les autres, source de larmes, source de joie.

  Enseigner le F.L.E. – prononcé “Fleu”, pour Français Langue Etrangère – n’est pas de tout repos. Il faut courir d’une petite école de langues à une fac labyrinthique, d’un hôtel particulier transformé en campus américain aux cours du soir dans un vétuste local associatif ! Quitter la poussière de craie d’un tableau noir pour retrouver le clavier aseptisé d’un écran numérique interactif ! Louvoyer d’une explication grammaticale : Pourquoi vous dites j’ai monté l’escalier, mais je suis monté au 1er étage ? A l’actualité : “Grève”, qu’est-ce que ça veut dire ?

  Ainsi, ce premier texte commence par la fin d’un semestre, ou presque car une intense session d’été arrive… Cette année, j’aurai fait connaissance de plus d’une centaine d’étudiants, d’une soixantaine de nationalités, âgés de 18 à 75 ans ! De toutes ces rencontres, je me souviendrai particulièrement d’un Thaïlandais “heureux à Paname comme un poisson dans l’eau”, de Saoudiennes sans voile, d’une danseuse classique japonaise, un flûtiste gambien, un aumônier de marine ukrainien… D’un médecin syrien, réfugié, triste et souriant.

   Hier était le temps des au revoirs, chaleureux ou à l’anglaise. Celui des promesses étonnantes : “Je n’aurai plus le temps pour le français, je vais pratiquer seul !”

 Celui des réclamations : “Madame, j’ai beaucoup aimé votre cours, mais il était très difficile ! Vous pourriez monter ma moyenne de deux points ?”